Propriété un temps du général d’Espagne, le château du Chet de Barmont, situé à une dizaine de kilomètres d’Aubusson, sort d’un long oubli. Cette demeure, où le père d’Alexandre Dumas a logé, abrite de magnifiques boiseries signées de Simon Bauer, l’artiste auvergnat qui a sculpté les merveilles du Moutier d’Ahun.
La demeure est discrète. C’est tout juste si les automobilistes qui circulent sur la route de Clermont-Ferrand, en direction d’Aubusson, l’aperçoivent. Le château du Chet de Barmont, niché dans la vallée de la Tardes, est en chantier depuis 2009. Mieux, depuis quelques jours, il accueille pour la première fois des visiteurs qui ne sont pas au bout de leurs surprises ! Même propriétaires pendant deux siècles
La bâtisse primitive date au moins du XVe siècle. Un document relatif au mariage du seigneur du lieu, portant la date de 1423, atteste de son existence. Mais, elle a considérablement évolué au fil du temps. Elle a été remaniée au XVIe siècle (la chapelle est de cette époque), puis au XVIIe siècle et enfin au début du XIXe siècle par son plus illustre propriétaire, le général d’Empire Jean Louis Brigitte Espagne qui trouva la mort à Essling, en 1809, frappé par un boulet de canon. Ce valeureux militaire figure sur l’Arc de triomphe, à Paris. Mais, d’Espagne qui a donné son nom à une place à Aubusson (appelée souvent improprement Place d’Espagne) n’avait pas un grand respect du patrimoine. Il mutila le château du Chet en le privant de son chemin de ronde qu’il fit remplacer par un simple chaînage, il ouvrit de nombreuses fenêtres. Le Chet, naguère château de défense, devint ainsi une demeure de plaisance. À la mort du général, elle fut achetée par sept familles successives dont l’une l’a possédée jusqu’en 2009, soit pendant deux siècles. D’Espagne avait lui-même acquis, en 1800, un bâti qui avait été négligé tout au long du XVIIIe siècle. Il l’avait donc fait restaurer à sa façon. Il y demeura jusqu’en 1805.
« Le château du Chet est resté en l’état, ses anciens propriétaires y venaient quinze jours par an, ils étaient âgés et se limitaient à un entretien minimum. Il a fallu commencer par couper une cinquantaine d’arbres dans le parc », explique Christian Malveau. Il a déjà réalisé d’énormes travaux, la bâtisse est redevenue en partie habitable. Christian et son épouse Michelle occupent une demi-douzaine de pièces sur les 18 que compte le château. Ils ajoutent à la restauration, un patient travail de mémoire, s’intéressant par exemple au premier petit château étroit qui a été démoli (dont on perçoit l’emplacement). Un document de la fin du XVIe siècle constitue un précieux état des lieux de la propriété.
« Nous avons acheté le château mais aussi l’ensemble des meubles de l’époque ainsi que les documents relatifs à la vie du Chet qui, jusqu’à la Révolution était une enclave bourbonnaise, ce qui nous ramène à la famille de La Roche Aymon ». Les boiseries de S. Bauer
Le couple retrouve, au hasard des circonstances, des éléments dispersés comme un tournebroche du XVIIIe siècle, en état de marche, qui a été réinstallé dans une cheminée. Christian Malveau, au fil des travaux, renoue avec l’architecture d’origine, ouvre des portes murées, renforce une poutre maîtresse, refait des sols, installe un curieux lustre figurant un griffon façonné dans le fer au XVIIe siècle. Il perçoit l’ampleur des actes de vandalisme commis au nom de l’idéal révolutionnaire. Ainsi, un blason taillé dans la pierre, dissimulé par les boiseries d’une cheminée, a échappé par miracle à la destruction des signes rappelant la royauté.
Il est apparemment visitable de tmps à autre, peu visible de l’extérieur.
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